1. Fiche oignon
1.1. Description de la filière
1.1.1. La production
Estimation et évolution de la production. La production est en croissance continue, quoique mal connue. Certaines sources officielles mentionnent une production de 260 000 tonnes en 2012/13, ce qui semble peu vraisemblable et peu cohérent avec l’importance constatée des importations. Une estimation entre 160 000 et 180 000 tonnes semble plus réaliste. La production aurait doublé au cours des 10 dernières années, ce qui dénote un rythme de progression annuelle de l’ordre de 7%.
Zones de production. On distingue deux principales zones de prodution :
· Les Niayes, et particulièrement la zone Nord (Gandiol, Potou, Rao,…) où les conditions climatiques permettent de cultiver à la fois les variétés précoces et tardives, étalant ainsi la période de production sur près de 10 mois. L’irrigation se fait soit à partir de puits cimentés (zone Nord), soit de céanes, là où la nappe phréatique est facilement accessible (Centre et Centre-Sud) soit de branchements de la SDE dans les environs de Dakar. Dans la zone nord, l’exhaure et l’arrosage manuel sont largement dominants comme système d’irrigation alors que dans le Sud l’aspersion et le goutte-à-goutte se développe, notamment grâce à l’appui de projets de développement.
· La Région du Fleuve (notamment le département de Podor, qui représente plus de 50% de la production du Fleuve, suivi par les départements de Dagana puis de Matam), où la variété dominante est le violet de Galmi, bien adapté à la chaleur du climat. La production, qui fait l’objet d’un suivi de la SAED, est de 107 000 tonnes en 2012/13, en augmentation moyenne de 20% sur les 5 dernières années La culture est pratiquée en alternance avec une culture d’hivernage (riz ou maïs) ou une culture de contre-saison froide (tomate) sur les périmètres villageois, irrigués par pompage à partir du Fleuve Sénégal ou d’un de ses bras. L culture se fait sur billions. Les semis sont installés dès la fin des pluies et l’oignon est repiqué de fin septembre à février (avec un cycle de production de 90 jours).
Nombre de producteurs. Le nombre de producteurs d’oignons est très important, puisque 14% des ménages ruraux le cultivent. Le nombre de producteurs « professionnels » installés dans les principales zones de production peut être estimé entre 10 000 et 15 000, sur la base d’une taille moyenne d’exploitation variant selon les zones de 0,3 à 2 ha (dans le Nord des Niayes) par exploitation.
Principales contraintes de production. Dans les deux zones de production, les producteurs s’approvisionnent en semences auprès de fournisseurs agréés, et utilisent des niveaux relativement élevés d’engrais. Au contraire du riz et de la tomate, l’oignon n’est pas financé par la CNCAS sur le Fleuve en raison de la volatilité des prix et du marché. Dans les Niayes, on note l’existence de quelques systèmes de financement des campagnes montés avec des institutions de microfinance. Le coût élevé de la culture et la faiblesse des moyens de financement constituent une contrainte générale à l’accroissement de la production.
Dans les Niayes, la principale contrainte de production, outre le manque de financement, est l’arrosage manuel, qui nécessite une main d’œuvre importante. L’introduction de méthodes d’irrigation plus modernes permet à la fois de réduire les coûts, d’économiser l’eau et de d’accroître les rendements.
Sur le Fleuve, la principale contrainte mentionnée par les producteurs est le niveau élevé de floraison des semences de violet de Galmi, qui affecte la qualité du produit et son aptitude à la conservation. Ce problème serait du à une dégénérescence de la variété, ce diagnostic devant être confirmé par des études rigoureuses.
1.1.2. Le marché et son approvisionnement
Les besoins de consommation. La consommation d’oignons au Sénégal est estimée par l’ARM entre 15 000 et 18 000 tonnes/mois, soit environ 200 000 tonnes par an, ce qui place le Sénégal parmi les principaux pays consommateur d’oignon, avec une moyenne per capita de 13 kg, par an, juste derrière le Niger, premier consommateur de la sous région avec une consommation de plus de 20 kg/an/habitant. On peut supposer que cette estimation est légèrement sous-évaluée, dans la mesure où elle est basée sur les besoins d’importation en hivernage, période au cours de laquelle l’oignon est plus cher, et donc, vraisemblablement, la consommation réduite. Une estimation de l’ordre de 250 000 tonnes paraît donc dans les limites du vraisemblable
Importations. Les importations, qui sont connues par les statistiques douanières, s’élèvent en moyenne à 100 000 tonnes par an (contre 50 000 tonnes en moyenne pendant les années 2000-2004). Les importations proviennent en majeure partie des Pays-Bas. Elles sont le fait d’un petit nombre d’importateurs, qui revendent les produits aux grossistes présents sur les marchés de consommation.
Estimation de la production. La comparaison des importations et de la consommation montre, même si l’on suppose des exportations non contrôlés vers les pays voisins (notamment la Mauritanie et la Gambie) qui pourraient atteindre 50 000 tonnes au maximum, que la production mise en marché ne peut dépasser 150 000 tonnes, correspondant, avant pertes post-récolte, à une production brute de 160 000 à 180 000 tonnes.
1.1.3. La problématique de qualité
Aptitude à la conservation. La principale problématique de qualité par rapport au marché est l’aptitude à la conservation, à laquelle s’attachent aussi bien les commerçants que les consommateurs. De l’avis des commerçants, c’est une meilleure aptitude à la conservation qui explique la préférence du marché pour l’oignon importé, notamment en fin de période de production, époque à laquelle les problèmes de conservation de l’oignon local se posent avec le plus d’acuité.
Le défaut d’aptitude à la conservation de l’oignon local est du d’abord au fait que sa teneur en eau est trop élevée lorsqu’il est récolté trop tôt, ce que les producteurs ont parfois tendance à faire sous la pression des ouvriers agricoles, lesquels ne sont payés qu’après la récolte. L’aptitude à la conservation dépend aussi largement du respect de l’itinéraire technique (qualité de la semence, technique de récolte adéquate, application des traitements phyto-sanitaires, dosage correct de l’engrais).
Moyens de stockage. Si ces conditions sont respectées, l’oignon peut se conserver avec des pertes modérées sur une période de 3 ou 4 mois dans un magasin à l’abri du soleil, correctement ventilé, disposant de claies sur lesquelles sont ils sont entreposés (type des magasins construits la les Maisons Familiales)
Autres facteurs de qualité. Le calibrage semble être également un facteur de qualité pris en compte par le marché, dans la mesure où la taille préférée des oignons dépend du marché de destination (Dakar préfère des oignons de gros calibre, tandis que Touba préfère des oignons de petit calibre). La mise sur le marché de lots de taille homogène facilite donc le travail de tri effectué par le commerçant, et peut justifier une prime sur le prix.
1.1.4. La commercialisation
Quatre grands types d’acteurs peuvent être identifiés dans les circuits de commercialisation :
· les bana-banas, commerçants itinérants chargés de la collecte et de l’acheminement des produits maraîchers jusqu’aux marchés de gros, qui développent parfois des liens privilégiés avec certains producteurs en leur fournissant semences et engrais à crédit ;
· les coxeurs, intermédiaires commissionnaires chargés de réceptionner la marchandise, trouver des acheteurs et négocier les prix pour les bana-banas. Nous pouvons distinguer deux types : d’une part les coxers ruraux, qui interviennent dans les marchés ruraux appelés Louma et assurent la médiation entre producteurs et bana-banas ; d’autres les coxeurs urbains que nous rencontrons dans les marchés de gros urbains et qui jouent un rôle important dans la distribution de l’oignon ;
· les grossistes, qui assurent une fonction classique de regroupement au niveau des marchés urbains ; Les grossistes du marché terminal sont les véritables maîtres du marché, tirant notamment leur rôle prédominant du fait qu'ils préfinancent les taxes et frais de marché des collecteurs, et qu'ils interviennent à la fois sur les importations et sur l'oignon local.
· les détaillants, qui vendent au tas ou parfois au kg à la demande de la clientèle sur les marchés.
En ce qui concerne les lieux de commercialisation, on distingue principalement : les marchés d’approvisionnement, situés dans les zones de production, et sur lesquelles les producteurs, avec l’assistance du coxeur, rencontrent les bana banas ; les marchés de gros urbains, approvisionnés principalement par les banas banas, sur lesquels opèrent les grossistes, travaillant alternativement sur l’oignon local et l’oignon importé.
1.1.5. Organisation de la filière
L’interprofession et l’organisation professionnelle. Si, sur le Fleuve, l’Organisation des Producteurs d’oignons de la Vallée (l’APOV) regroupe spécifiquement des GIE de producteurs d’oignons (organisés autour de 10 zones de production), il ne semble pas exister dans les Niayes d’organisation spécifique des producteurs d’oignons, mais plutôt des Fédérations ou Unions de producteurs maraîchers, regroupant des structures associatives locales et des GIE. Ces structures, souvent créées au gré des projets qui interviennent dans la zone, sont souvent faiblement organisées et leur représentativité est souvent difficile à établir, un même GIE ou une même structure locale pouvant être membre de plusieurs structures fédératives. Deux structures fédératives émergent cependant et jouent, avec l’APOV, un rôle particulièrement actif dans l’interprofession, l’Association des Unions des maraîchers des Niayes (AUMN) et l’Association nationale pour le Développement de l’horticulture (ANDH).
L’interprofession de l’oignon, récemment créée, regroupe les producteurs, les intermédiaires commerciaux (grossistes et coxeurs) et les importateurs (représentés par l’UNACOA). L’ARM en est membre associé. Elle est appelée à jouer un rôle de premier plan au sein de l’instance de régulation de la filière.
Protection et régulation du marché. L’oignon importé est soumis à un droit de douane de 20% auquel s’ajoute une surtaxe du même montant. Le Sénégal a, en outre, protégé son marché au cours des années 2000 en utilisant les clauses spéciales de sauvegarde pour limiter les importations. Depuis 2011, l’Etat a mis en place, en collaboration avec l’interprofession, un comité de pilotage du gel des importations, qui décide chaque année une période de gel, au vu de l’examen des stocks, de la production et des prix (l’Agence de Régulation des Marchés agricoles, l’ARM, étant en charge de cette analyse). La période pendant laquelle les importations sont autorisées commence en principe début août et peut se prolonger jusqu’en janvier. Les Déclarations d’autorisation d’importation de produits agricoles (les DIPA), nécessaires pour importer, ne sont délivrées par la Direction du Commerce Intérieur (DCI) que pendant cette période et, depuis 2013, ne sont valables que pour une période de 2 mois.
Ce système de régulation donne satisfaction aux producteurs, qui souhaitent cependant que la période pendant laquelle les importations sont autorisées s’arrête plus tôt, afin de permettre un bon écoulement de la production précoce du Fleuve ?
1.2. Analyse de la filière
1.2.1. Le système des prix
Prix de l’oignon importé. Sur la base d’un cours moyen de l’oignon de l’ordre de 0,3 Euros sur les marchés européens en 2012, le coût de revient de l’oignon importé peut être estimé autour de 320 FCFA/kg rendu Dakar.
Au cours de l’année 2013, les prix sur le marché de Dakar étaient de 400 FCFA et plus au démarrage de la campagne d’importation (les premiers arrivages bénéficiant de la pénurie relative qui sévit sur le marché à cette époque), puis ont baissé progressivement, notamment avec l’arrivée sur le marché des premiers oignons locaux en février, jusqu’ à moins de 300 FCFA (voir graphique). L’importation d’oignons apparaît donc comme un commerce relativement spéculatif, rémunérateur au début de la campagne d’importation, mais vraisemblablement déficitaire pour les stocks qui restent invendus lorsque commence la campagne de production locale.
Prix de l’oignon local sur le marché de Dakar. Au cours de l’année 2013, le prix de l’oignon local était de l’ordre de 300 FCFA au démarrage de la production (février) ; il s’est dégradé jusqu’à un minimum de 200 FCFA entre mars et mai (période de l’abondance de l’offre locale), puis a recommencé à augmenter à mesure que l’offre locale se raréfie, jusqu’à un pic de 500 FCFA fin juillet, à la fin de la période de gel (voir graphique). Ce cycle de prix, qui s’explique très logiquement, se retrouve de façon similaire à peu près tous les ans.
Décote de l’oignon local. On note que l’oignon local subit, de façon générale, une décote de l’ordre de 30 à 50 FCFA/kg par rapport à l’oignon importé, ce qui semble traduire une certaine préférence des consommateurs pour l’oignon importé, qui se conserve mieux.

Prix au producteur. Les prix de vente sur les marchés d’approvisionnement (sur lesquels une majorité de producteurs commercialisent leurs produits) sont très fluctuants en fonction de l’offre et de la demande, suivant le même cycle saisonnier que sur le marché de Dakar :
· Dans les Niayes, les prix ont évolué de 200 FCFA en février jusqu’à un minimum de 90 FCFA en mars/avril, puis remontent progressivement jusqu’à un pic de 300 FCFA en juillet
· Sur le Fleuve, les prix partent d’un palier de 120-150 FCFA en février, pour tomber à 75-100 FCFA en mars/avril et remonter en fin de campagne (mai/juin) à 150 FCFA.
On note que le prix au producteur est toujours, à un moment donné supérieur dans les Niayes, la différence (qui peut varier de 20 à plus de 50 FCFA/kg) étant largement supérieure au coût différentiel de transport. Ces meilleures conditions de vente traduisent vraisemblablement l’existence de circuits de commercialisation plus courts, d’une plus grande concurrence à l’achat, du fait d’une plus grande proximité des grands centres de consommation. La différence entre les Niayes et le Fleuve sur les prix moyens au producteur pour l’ensemble de la campagne sont vraisemblablement d’autant plus élevée que les Niayes profitent d’une plus grande flexibilité dans le calendrier de production, qui leur permet de produire en fin de saison, à l’époque où les prix sont plus élevés.
1.2.2. Analyse économique
Les coûts de production. Le coût de l’oignon rendu sur le marché d’approvisionnement est estimé sur le Fleuve à environ 1,5 million FCFA/ha, soit 60 FCFA/kg sur la base d’un rendement de 25 T/ha. Il est plus élevé dans les Niayes, pour les exploitations pratiquant le mode d’irrigation traditionnel par arrosage manuel (du fait des forts besoins en main d’œuvre dans ce type d’irrigation) et s’élève à environ 2 ,5 millions FCFA/ha, soit 100 FCFA/kg.
Marge nette de production. La marge nette moyenne, calculée sur la base d’un prix de vente moyen de l’ordre de 120 FCFA/kg sur le Fleuve et 160 FCFA/kg dans les Niayes, est, dans les deux cas, de l’ordre de 1,5 million/ha (l’avantage de prix des Niayes étant compensé par un coût supérieur), ce qui place l’oignon parmi les cultures irriguées les plus rémunératrices.
Valeur ajoutée au stade de la production. La valeur ajoutée au stade de la production est estimée en moyenne à 100 FCFA/kg, soit de l’ordre de 16 milliards FCFA pour l’ensemble de la filière. La valeur ajoutée entre le bord champ et le stade de gros est estimée à 68 FCFA/kg, soit 10 milliards.
1.2.3. Coûts et marges de commercialisation
La marge de commercialisation sur le circuit de Podor à Dakar peut êtes estimée comme suit :
Prix producteur 120
Transport Dakar 12
Manutention, coxeur et divers 20
Coût rendu Dakar 152
Marge et pertes (20%) 75
Prix vente marché de gros 230
Cette analyse ne fait pas apparaître de marge excessive, ce qui permet de conclure à une relative efficacité du système de commercialisation.
1.2.4. Rentabilité économique
Le coût économique de l’oignon local rendu à Dakar au stade de gros ressort, d’après les analyses précédentes, entre 150 et 170 FCFA/kg. Ce coût étant nettement inférieur au coût d’importation hors taxe (autour de 230 FCFA/kg), la filière apparaît économiquement rentable. Cette rentabilité est d’autant plus forte lorsqu’il s’agit d’approvisionner les villes de l’intérieur, pour lesquelles l’oignon importé subit un coût additionnel de transport.
1.2.5. Benchmarking avec un pays de la sous-région
La comparaison s’impose avec le Niger, premier producteur et premier exportateur de la sous-région. Elle fait apparaître un léger avantage compétitif pour le Niger, qui dispose d’une longue tradition dans la culture de l’oignon, et dont la variété dominante, le violet de Galmi, jouit d’une réputation établie sur les marchés.
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NIger
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Sénégal
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commentaires
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Consommation/habitant
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Entre 20 kg et 43kg selon les sources
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13 kg
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Consommation plus forte au Niger
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production
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372 000
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180 000
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export
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68 000 (Ghana, Bénin, Côte d’Ivoire, Nigeria)
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Marginal (Gambie, Mauritanie)
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Avantage compétitif du Niger, grâce à sa position géographique par rapport aux grands marché régionaux et à son coût de revient
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import
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marginal
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100 000 T (d’Europe)
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Capacité au Niger d’approvisionner toute l’année, ce qui évite le recours aux importations
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Période de production
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Toute année
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Janv-mai
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rendement
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18 T/ha
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25 T/ha
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Léger avantage pour le Sénégal
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Coût production/ha
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1 000 000 FCFA
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1 500 000 à 2 500 000 FCFA
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Oignons du Niger plus compétitifs
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Prix producteur moyen
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120 FCFA
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140 FCFA
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Nombre de producteurs
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184 000
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10 000 à 15 000
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1.3. Perspectives et pistes d’amélioration
1.3.1. Perspectives d’accroissement du marché, de la production et de la valeur ajoutée
Potentiel d’accroissement des parts de marché local. Si l’on considère le seul marché intérieur, la part de marché (de l’ordre de 300 000 tonnes à horizon de 5 ans) que pourrait prendre la production locale dépend entièrement de la capacité de stocker une partie de cette production pour la mettre en marché pendant les mois creux. Sous cette condition, on peut considérer comme possible un marché additionnel de l’ordre de 100 000 tonnes.
Potentiel d’exportation. Il existe également un potentiel d’exportation, à la fois vers la sous-région et même vers l’Europe, ainsi que le montre les quelques opérations d’exportations lointaines qui ont lieu, notamment sous l’égide de l’UML de Mboro : avec un prix producteur de 130 FCFA, l’oignon parvient sur le marché européen, en contre-saison, à un prix tout-à-fait compétitif par rapport au prix du marché à cette époque (200 à 250 FCFA). Au total, un volume d’exportation à terme de 50 000 tonnes paraît réaliste.
Potentiel d’accroissement de la production. Le potentiel d’accroissement de la production est limité (quoique non nul) dans les Niayes, du fait de la pression foncière croissante, mais considérable sur le Fleuve, à la fois dans la zone traditionnelle de Podor (où la superficie cultivée dépend d’un arbitrage fait par le producteur entre l’oignon et une autre culture de contre-saison) et dans le Delta, où de nouveaux périmètres aménagés (notamment ceux du projet PDMAS) pourraient être cultivés en oignon. L’accroissement de la production sera d’autant plus important que la contrainte de financement des campagnes de production et des équipements sera réduite. Sous cette condition, la production pourrait permettre de réaliser les objectifs de marché ci-dessus indiqués
Potentiel d’accroissement des rendements et de la compétitivité. Le coût de production pourrait être réduit de 20% au moins dans les Niayes par la généralisation de systèmes d’irrigation modernes en remplacement de l’arrosage manuel, ce qui implique le financement à coût partagé de l’équipement, comme le pratique certains projets, notamment le PADEN.
Il existe également, aux dires des agronomes, un potentiel certain d’amélioration des rendements par un meilleur respect des itinéraires techniques, qui pourraient facilement passer d’une moyenne de 25 T/ha à 30 T/ha.
Valeur ajoutée additionnelle possible. Sur la base des potentiels ci-dessus analysés, on peut attendre, dans le cadre d’une stratégie d’amélioration, une valeur ajoutée additionnelle au stade de la production de 10 à 15 milliards FCFA à horizon de 5 ans.
1.3.2. Pistes d’amélioration
Pistes en matière de stockage.
Le besoin de stocker une partie de la production sur une période de 4 ou 5 mois est, on l’a vu, une condition nécessaire à la conquête du marché national.
Besoin d’améliorer la stratégie. Les Autorités construisent actuellement un certain nombre de magasins en dur, d’une capacité de 10 à 20 tonnes, rétrocédés aux groupements de producteurs pour le stockage de l’oignon. Ces magasins, utiles pour stocker d’autres produits, ne semblent pas recueillir la pleine adhésion des producteurs, qui les utilisent peu pour le stockage des oignons, et semblent peu adaptés :
· parce que leur taille ne correspond pas aux besoins d’un stockage collectif (une capacité de 10 tonnes correspond à une superficie cultivée d’un demi-hectare)
· parce que le principe même d’un stockage collectif peut être remis en question : un tel mode de stockage implique une gestion collective du stock (surveillance, tri des oignons détériorés, …) et de la mise en marché (qui décide de l’époque à laquelle vendre le stock ?) qui excède souvent la capacité organisationnelle des groupements
· parce que les producteurs sont, de façon générale, pressés de vendre et ne peuvent assumer un stockage de longue durée qu’ils considèrent ne pas faire partie de leurs responsabilités
· parce que le type de magasin construit est souvent mal adapté (manque de ventilation), et trop onéreux par rapport au stockage dans de simples abris couverts, grillagés et équipés de claies (modèle Maisons Familiales), aussi performants et beaucoup moins onéreux.
Vers une approche différenciée selon le type de stockage. On peut en réalité distinguer deux types de besoins de stockage :
· Un stockage conjoncturel, pour permettre aux producteurs de différer d’environ un mois la mise en marché, lorsque le marché est particulièrement saturé. Pour ce type de stockage, on pourrait envisager de promouvoir la construction d’abris individuels pour les producteurs qui le souhaitent
· Un stockage de conservation de longue durée, pour réguler l’offre saisonnière et permettre l’approvisionnement du marché en hivernage. Ce type de stockage, indispensable pour pouvoir se passer des importations, doit être assuré par des commerçants-stockeurs (fonction qui n’existe actuellement pas). Il conviendrait d’encourager l’émergence de tels opérateurs, par exemple en mettant à leur disposition, à travers des baux à des loyers avantageux, des locaux appropriés pour la conservation de longue durée et par la mise en place de mécanismes di financement des stocks adossés à une sorte de warrantage.
Pistes en matière d’amélioration des marchés d’approvisionnement
Les grands marchés d’approvisionnement dans les zones de production sont dépourvus d’équipement sur lesquels les producteurs peuvent procéder au tri et au conditionnement de leurs produits (utiles à l’amélioration de la qualité et répondant à une demande du marché). L’aménagement d’une telle plateforme réalisé à Guia remporte clairement l’adhésion des producteurs. La multiplication de tels équipements pourrait donc être envisagée.
Pistes en matière d’amélioration de la production
· Investiguer le problème de la qualité sur les semences de violet de Galmi
· Développer des mécanismes pour le financement des campagnes de production, le financement des équipements d’irrigation et le financement du stockage de courte durée
FOB Europe : 0,3 soit 200
Fret et manutention 30
Droits de douane et surtaxe 92
Coût dédouané Dakar 322
coût production oignon
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Fleuve
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Niayes
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intrants
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semences
|
135000
|
135000
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engrais
|
216000
|
216000
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fumure organique
|
120000
|
120000
|
produits phyto
|
30000
|
30000
|
gas oil irrigation
|
105000
|
105000
|
amortissement matériel
|
20000
|
20000
|
travaux mécanisés
|
80000
|
80000
|
main d'oeuvre
|
340000
|
1356500
|
coût proportionnels à récolte (base 25T)
|
|
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sacherie
|
125000
|
125000
|
transport au marché
|
62500
|
62500
|
coxeur
|
250000
|
250000
|
total
|
1483500
|
2500000
|
production (tonnes)
|
25000
|
25000
|
coût unitaire
|
59,34
|
100
|
prix de vente moyen
|
120
|
160
|
recettes
|
3000000
|
4000000
|
marge nette producteur
|
1516500
|
1500000
|
SMDIA